Zohra Ghazi. Directrice de la mise en valeur des terres et de la lutte contre la désertification au MADR
«Nous attendons l’évaluation des résultats du barrage vert»
le 25.06.13 | El Wattan Lyès Mechti
- Que peut-on dire aujourd’hui, en cette Journée internationale de lutte contre la désertification, sur le problème de la dégradation de l’alfa, connu pour son efficacité à freiner l’avancée des sables ?
La dégradation des superficies d’alfa est due essentiellement aux parcours, aux mauvaises méthodes d’arrachage lors des récoltes et à la sécheresse. Cependant, nous avons élaboré une étude qui nous a permis d’identifier les zones de potentialités de l’alfa en Algérie. Celles-ci s’étendent du nord au sud sur la région steppique. La superficie existante est aujourd’hui de 2,2 millions d’hectares (4 millions d’hectares dans les années 1920, ndlr) qui ont fait l’objet d’une étude qui nous a permis, en 2010, de concevoir un plan d’action et de lancer, par la suite, une série de mesures qui entrent dans le cadre de la réhabilitation de l’alfa et de la lutte contre la désertification.
- Quel est l’objectif à atteindre ?
C’est d’abord préserver et réhabiliter les superficies qui sont complètement dégradées. Il s’agit aussi de permettre la régénération de cette plante à travers ce qu’on appelle la mise en défens.
- Quel est, selon vous, le degré de gravité de l’avancée des sables en Algérie ?
La désertification est un phénomène auquel l’Algérie a dû faire face dès les premières années de l’indépendance. Des opérations de reboisement tous azimuts ont été alors initiées et, à partir des années 1970, le fameux projet du barrage vert a été lancé dans la zone tampon entre le Nord et le Sud, dans les wilayas steppiques.
L’approche a, par la suite, évolué en ce sens qu’on s’est aperçu de la nécessité d’impliquer les populations locales. Il faut dire à ce propos que l’expérience algérienne dans ce domaine est reconnue et citée comme exemple au plan international, et ce, grâce à l’actuelle approche du renouveau rural qui a les mêmes objectifs et principes que ceux inscrits dans la Convention internationale de lutte contre la désertification.
- Vous avez évoqué le barrage vert, mais celui-ci n’existe pratiquement plus…
Non, le barrage est là et existe toujours. Nous avons même des forêts artificielles à partir de ce projet.
Mais il faut voir aussi les parcours d’élevage qu’on devrait aussi prendre en charge du fait que la région a une vocation pastorale. En tout cas, nous avons aujourd’hui lancé un travail d’évaluation et une étude a été commandée en ce sens. Les résultats seront réceptionnés incessamment et, à partir de là, nous déciderons comment l’extension du barrage vert devra se faire, car il est même question d’étendre cette zone.
- Quel impact cela aura-t-il sur l’activité pastorale dans la région ? Les éleveurs garderont-ils leurs parcours ?
L’activité pastorale est prise en charge. Il est vrai qu’au départ, cela avait été mal organisé, mais depuis les années 2000, un dispositif utilise rationnellement les parcours avec l’implication des populations. Il s’agit des mises en défens, pour une durée de deux années, de périmètres définis en concertation avec les éleveurs et les responsables locaux. Entre temps, un autre périmètre est libéré et mis à la disposition des éleveurs et utilisé comme parcours.