La forêt de Baïnem, pourtant réaménagée il y a quelque temps, semble aujourd’hui abandonnée
et négligée, au grand dam de ses nombreux visiteurs.
Il n’y a que trois entrées pour pénétrer dans la forêt de Baïnem. Trois entrées seulement pour
permettre aux visiteurs de venir et aux poubelles de rester. Au volume de détritus qui occupent
l’espace forestier, il faudrait plus que trois entrées pour procéder à leur collecte. Le constat est
simple : la forêt semble abandonnée, négligée. Seuls les sangliers en profitent, les couples et
quelques bandes de coquins. Petit tour d’inspection…
Les Déchets domestiques envahissent la forêtLa route est parfaitement goudronnée et les couloirs qui bordent les routes sont parfaitement
nettoyés. A l’approche de l’été, les tranchées sont débarrassées des broussailles et mettent de la
distance avec les voitures, évitant tout risque d’incendie. En hiver, ces couloirs acheminent l’eau
qui s’écoule vers des canalisations. Ils ont été bétonnés depuis peu. La forêt a repris quelques
couleurs à l’approche de l’hiver. Malgré une dominance de vert, quelques arbres ont viré au
jaune et au marron. La pluie incessante des derniers jours a rendu la terre molle et boueuse. Des
effluves de pins titillent les narines. Le ciel est bas, gris et pèse sur le bleu anthracite de la mer.
La forêt péri-urbaine de Baïnem a l’immense privilège de côtoyer les nuages et la brume de
Bouzaréah, tout en mouillant sur l’azur de la Méditerranée. Ce qui lui permet d’offrir des
paysages saisissants. Quelques individus sont camouflés à l’intérieur de leur véhicule. Ces
visiteurs, en couple, ont pris place dans un parking attribué à leur compte. Si on vient en famille,
on ne paie pas le parking. Seuls les couples y sont astreints ! Et tout autour, hormis le bleu du
ciel, hormis le vert des pins et le marron de la boue, un camaïeu de couleur. Du rouge, du bleu,
du vert, orange, et du violet. Baïnem est une décharge publique.
Des gravats sont jetés dans les coins Derrière le parking, dans la partie nord-ouest de la forêt, une place a été antérieurement
aménagée. On reconnaît un alignement de frênes derrière lesquels de nombreux eucalyptus
s’élancent vers le ciel. La place renferme quelques chênes zen, un albizia julibrissen, des pins de
jeune âge. Des chemins devaient permettre une circulation autour de la place. D’immenses
parterres de narcisses dits «élégants» parfument délicatement les lieux. Des senteurs qui
rivalisent cependant avec celles des ordures. Sous un grand pin parasol, des pierres sont
amoncelées autour de ce qui fut un feu de bois. Canettes, bouteilles de bière, une brique de vin
rouge sont disposés à proximité. Les ordures sont jetées pêle-mêle. Des sachets sont accrochés
aux branches d’arbousiers dont le fruit est mûr en cette saison. Les sangliers, friands de toutes
formes de déchets, ont laissé de grandes empreintes dans la terre boueuse. Elle a été
complètement retournée à certains endroits par leurs groins et leurs pattes. Ce qui donne à
Baïnem un visage désolant. Si l’on pousse la promenade dans un versant plus au Sud, bien après
ce qui fut l’ancienne place d’équitation, on peut trouver des gravats et tout genre de rejets en
béton. Certains sites de la forêt sont ainsi réservés pour décharger tous les encombrants et
restes de démolition et construction de chantier. Dans les espaces aménagés pour les jeux
d’enfants, quelques chérubins s’accrochent à des balançoires branlantes.
Des familles ont décidé d’affronter le mauvais temps. Ces espaces sont un peu moins sales.
Est-ce l’œuvre des hommes ou celle du vent ? Le soleil se couche derrière l’immense voile
nuageux. La pénombre s’installe. Les groins commencent déjà à renifler.
Zineb Amina Maiche - El-Watan du 13/11/2010