CO2 : un mythe planétaire
par Christian Gerondeau
L'idée originale de l'auteur est de dire que l'humanité a trop besoin des énergies fossiles et qu'il est illusoire de penser qu'elle en laissera volontairement une partie sous terre. Il en déduit que le taux de CO2 dans l'atmosphère doublera inéluctablement d'ici à la fin du siècle. Cette idée dérangeante est toutefois très vraisemblable : La prise de conscience des changements climatiques n'empêche pas le fort développement du charbon, par exemple. Nous sommes actuellement sur l'hypothèse haute du GIEC sans inflexion prévisible, ce qui conforte cette vision fataliste.
L'autre idée forte est que la température n'est pas liée au taux de CO2 dans l'atmosphère. L'auteur est ici beaucoup moins convaincant. Il semble surtout sélectionner les informations qui servent cette thèse et s'engouffrer dans les incertitudes scientifiques, emboîtant le pas à B. Lomborg qu'il cite et à C. Allègre.
C. Gérondeau ne fait pas dans la nuance lorsqu'il se lance dans une attaque en règle contre le GIEC qui nous « manipule » et nous « culpabilise » ou contre Al Gore, « charlatan » et « imposteur ».
Il est encore dans l'excès lorsqu'il prétend que « dans tous les pays du monde, les ministères de l'écologie sont par nature entre les mains d'écologistes convaincus » ou lorsqu'il affirme que « nos rivières ont retrouvé leur pureté d'antan » et que les véhicules routiers sont maintenant dépollués (je lui conseille de lire l'étude publiée par l'Afsset en juin 2004 !)
Il règle leur sort aux éoliennes avec véhémence et ses arguments font mouche. C'est moins vrai pour l'énergie solaire où il ne semble connaître que le photovoltaïque.
L'auteur parle très peu de la déforestation qui est pourtant une cause majeure d'émission de CO2 mais ce qu'il en dit est d'un cynisme rare : la déforestation est, « par nature, temporaire ». Traduction : le problème disparaîtra avec les arbres ! Ou encore quand il se félicite de « la transformation de la forêt tropicale en gigantesque plantation de palmiers à huile » ou quand il considère avec gourmandise « la Guyane qui avec ses 90000 km2 pourrait nous assurer l'autosuffisance en carburant », après avoir supprimé la forêt, bien sûr.
On retrouve souvent cet anthropocentrisme conquérant : « Le progrès technique permettra aux habitants du globe d'avoir leur voiture ». « L'humanité saura faire face [au réchauffement climatique] en mettant à profit les potentialités du progrès technique ».
Je ne peux conseiller cette lecture qu'à ceux qui ont une connaissance préalable du sujet. Elle leur permettra de faire le tri entre les idées intéressantes, les affirmations contestables et les outrances qui desservent le propos.