Comment les riches détruisent la planète
Hervé Kempf (Auteur)
Hervé Kempf. Il est l'un des journalistes français d'environnement les plus réputés. Comment les riches détruisent foi planète rencontre un grand succès en France et dans le monde entier, avec des traductions en anglais, espagnol, italien et grec.
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Comment les riches détruisent la planète. Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver les moyens d'orienter différemment l'énergie humaine. C'est un défi magnifique, mais redoutable. Or une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Elle prétend que toute alternative est impossible. Cette représentation du monde méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Pour l'auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.
Un livre extrêmement révélateur quant au type d'idéologues qui monopolisent les colonnes de nos quotidiens réputés les plus prestigieux.
Les trois premiers chapitres sont bâtis sur les mêmes grosses ficelles qui font désormais le fond de commerce de tout documentaire alter-mondialiste à succès : Présentation catastrophiste de crises écologiques et sociales, faits divers misérabilistes, pathos, arguments d'autorité émanant d'idéologues diplômés et statistiques soigneusement choisies. Puis, après exposition de la misère du monde, on utilise un bel effet de contraste pour canaliser le dégoût du lecteur devant tant d'indécence et de misère, lui désigner sa cible, en détaillant aussitôt les frasques tout aussi indécentes et la vie de luxe des "ultra-riches". Ces trois chapitres d'introduction renferment néanmoins le seul intérêt du livre : quelques faits et statistiques constituant un rappel toujours intéressant de dures réalités et de réels problèmes. L'auteur en profite pour introduire le concept-clé de l'ouvrage : l'oligarchie, corpus organisé de riches sans âmes unis par le seul goût du lucre en une même volonté, nous dirige tous par le biais d'une hiérarchie qui lui est plus ou moins directement dévouée.
Dans le chapitre 4, M. Kempf nous explique comment il met les deux crises sur le dos des riches. Il nous raconte sans rougir qu'à la fois, ceux-ci phagocytent notre richesse et nous appauvrissent, mais qu'en même temps ils sont à l'origine de notre consommation de moult richesses, via notre besoin d'imiter leurs frasques. Il s'appuie sur la "redécouverte" de l'analyse de classes de Veblen, un économiste marxien qui prétendrait que l'homme calque sa consommation uniquement sur celle de la classe supérieure. Il tente ensuite d'illustrer cette théorie par des études qui montrent précisément le contraire (satisfaction augmentée quand un individu gagne plus que la classe dont il est issu). Il nous engage donc à encourager des mesures plus ou moins autoritaires visant à diminuer notre consommation globale. Il semble croire possible de le faire tout en relevant celle des 80% les plus pauvres, avec pour seule contrepartie l'élimination du superflu de la nôtre. Mais évidemment, dans un souci de justice et d'efficacité, rien ne pourra se faire avant qu'on ait abondamment taxé les riches.
Puis vient le chapitre 5 où l'auteur tente de nous démontrer que son oligarchie veut détruire la démocratie. Et là il mélange absolument tout. Après avoir suggéré de doter les pouvoirs publics de leviers pour contrôler notre consommation et nos habitudes, il ose brandir une citation de Tocqueville dénonçant les dangers du paternalisme étatique comme si elle étayait sa thèse. Il dénonce les excès délirants du sécuritarisme ambiant (loin de moi l'idée de l'en blâmer), mais en tentant de les intégrer bancalement à sa théorie qui n'a rien à voir. En fait, il sombre carrément dans le populisme conspirationniste en sous-entendant que l'élite est prête à user de la torture et de l'espionnage pour continuer à perpétrer sciemment la destruction et la misère globales, enchainant les procès d'intention dirigés vers d'obscures élites sans le moindre fondement. Alors qu'il nous vend par la peur son dirigisme vert à l'aide d'un scénario catastrophe écolo-social, il fustige les gouvernements qui nous vendent le sécuritarisme par l'épouvantail du terrorisme et de la délinquance. Il dénonce l'instrumentalisation de la peur... en instrumentalisant la peur.
Le chapitre 6 se veut finalement un retour à l'optimisme car, on nous avait prévenu en début de livre, l'auteur n'est pas un catastrophiste en vrai !
Ce pamphlet aboutit magnifiquement à la synthèse annoncée des idées reçues écologistes et socialistes par un conspirationnisme à peine maquillé :
1/ Les idées reçues écologistes :
- il existe une frontière objective de la consommation raisonnable définissant ce qui relève ou non du gaspillage, frontière que les écologistes se feront une joie de nous imposer pour notre bien pour peu qu'on les laisse conduire un peu l'état ;
- tout changement dans son environnement est dû à l'homme, surtout si les conséquences lui sont néfastes ; d'ailleurs seules les retombées négatives (ou perçus comme telles) de l'action humaine sur l'environnement méritent d'être considérées ;
- tout va de mal en pis, il n'y a pas d'améliorations écologiques ou elles sont négligeables ;
- les régimes plus étatiques sont de meilleurs gardiens de l'environnement que les régimes plus libéraux ;
- une application très large du principe de précaution est une nécessité évidente.
2/ Les idées reçues socialistes :
- la misère se mesure par l'inégalité : mieux vaut des pauvres absolument plus pauvres, pourvu que les riches soient relativement moins riches ;
- la richesse des uns fait la pauvreté des autres ;
- le capitalisme est porteur d'une idéologie de l'égoïsme, des valeurs du darwinisme social ;
- puisqu'il est le fruit de son environnement, et donc de la société, ce n'est pas l'individu qui est responsable de ses actes, mais la société.
3/ La théorie populiste :
- nous sommes tous manipulés par une élite oligarchique qui entretient volontairement la misère et la dégradation écologique, et qui est donc seule responsable des travers de la société.