Les potentast se disputent les zones humides
Affaires à Annaba, investissement en Espagne
le 05.08.13 | El wattan
L’argent du peuple ne peut être volé impunément, l’administrateur véreux et les gens du même acabit, qui se le partagent, le payeront un jour…
Les habitants de Annaba sont choqués. La zone humide de plusieurs hectares à la sortie ouest de la ville sur la RN44 a été attribuée par le wali de Annaba au grand dam des défenseurs de l’environnement. Les bénéficiaires ne sont autres que des potentats ayant pignon sur rue, dont des immigrés installés dans la wilaya de Annaba. Cette zone marécageuse très prisée par les oiseaux migrateurs en différentes périodes de l’année, est sérieusement enlaidie par, entre autres, une centrale à béton, a-t-on constaté sur place. Les autres bénéficiaires ont d’ores et déjà entamé les travaux de déblaiement et de mise à niveau car la zone est en dessous du niveau de la mer. «Nous sommes catégoriquement contre cette attribution par la wali de Annaba à des investisseurs dont la cupidité l’emporte sur la protection de l’environnement.
Cette zone est marécageuse et il va de soi qu’elle soit protégée», martèle M. Halimi, le président de l’association nationale de la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution (APEP). Encore une fois, le directeur de l’hydraulique n’a pas donné son aval quant à l’exploitation de cette assiette de terrain qui retient les eaux pluviales à longueur d’année. Un autre projet d’une station service (vente de carburant et huiles de moteur) a été attribuée également par le wali de Annaba à un jeune entrepreneur sur intervention de l’ex-DLEP, Tiar Yazid, actuellement en prison à Tiaret pour une affaire de marchés non réglementaires. Cette station est implantée sur la rive de l’oued Seybouse. Ce qui génère incontestablement des huiles usées et carburant qui, vraisemblablement, pollueront l’oued au niveau de la cité Boukhadra. Mais Mohamed El Ghazi, le wali de Annaba n’en a cure. D’ailleurs il n’est pas à sa première «incartade».
En effet, il a attribué au député Tliba Bahaeddine, qui nargue toutes les autorités civiles et militaires de par ses relations avec Daho Oueld Kablia, un bosquet au niveau du rond-point de la cité populaire Beni M’haffeur dont lui-même (le wali) est actionnaire via un proche de sa famille. Sujet à de multiples irrégularités, notamment sa faible stabilité et l’incommodité du lieu, ce chantier commence à attiser les craintes d’écroulement, ce terrain a été bel et bien offert et même défendu devant le déluge de réserves soulevées par l’exécutif. Le premier à avoir affiché son allégeance est bien sûr le directeur des domaines Saada, qui a signé, pour preuve, la concession du terrain dans le bureau de Tliba, 24 h après l’accord du Calpiref.
Un record dans les annales de l’administration algérienne que le directeur des domaines n’omettra pas de mentionner cette performance dans son CV. Plus grave encore, les «revenus» de ces projets ne seront pas investis en Algérie mais en Espagne en crise, à travers des achats massifs d’immobilier tel que mentionné dans une liste de propriétaires comportant les noms et les adresses d’un important responsable à Annaba dont El Watan a pu disposer d’une copie officielle. Les mouvements bancaires aussi tout autant que les bénéficiaires des virements. Ces informations interviennent au lendemain de l’appel lancé par le chef du gouvernement appelant son ministre argentier à combattre sans répit les auteurs des transferts illicites des devises et du blanchiment d’argent. Les services de sécurité notamment le DRS ont du pain sur la planche. C’est l’occasion pour reconquérir la confiance du peuple assoiffé de justice. A suivre…
Mohamed Fawzi Gaïdi