Casse-tête du gouvernement
Le spectre d’un «tour de vis» budgétaire
Après quatre années de dépenses effrénées, les finances publiques de l’Etat ont été mises à rude épreuve, à telle enseigne que certains experts économistes s’attendent à ce que cette question soit «récurrente durant cette rentrée et un enjeu de programme électoral présidentiel».
Le rapport de conjoncture de la Banque d’Algérie, livré à seulement quelques jours de la rentrée sociale et économique, est, en effet, venu mettre en avant une gestion des finances publiques qui laisse à désirer. Le rapport de la Banque centrale a non seulement pointé du doigt une gestion qui conduit aujourd’hui à une «vulnérabilité» des finances publiques, mais a également démontré les limites du modèle économique prôné jusque-là par l’Algérie avec la dépense publique comme moteur de croissance. Selon la Banque d’Algérie, la croissance économique n’atteint que 3,3% en 2012, contre 2,8% en 2011, grâce essentiellement aux secteurs du bâtiment et des travaux publics et celui de l’industrie.
Pour le gouverneur de la Banque d’Algérie, «le rôle des dépenses publiques, comme stimulant de l’activité économique de production industrielle, a été relativement faible». En contrepartie, «les fortes augmentations successives des dépenses publiques de ces deux dernières années, et de surcroît de fonctionnement, ont abouti à un déficit budgétaire substantiel», a noté le document de la BA.
En effet, entre 2011 et 2012, les dépenses budgétaires ont augmenté de près de 1500 milliards de dinars, alors que les recettes n’ont augmenté que de 600 milliards de dinars. La Banque d’Algérie appelle aujourd’hui à une «prudence budgétaire», ce qui laisse penser, selon certains économistes, que «des dispositions seront prises en faveur d’un tour de vis budgétaire». Cela pourrait se traduire par deux démarches, précise-t-on : «la réduction des importations et la dévaluation du dinar». Le gel des salaires dans la Fonction publique serait donc une conséquence logique de ce tour de vis, quand on sait que le ministre des Finances a déjà averti que toute nouvelle augmentation de salaires constituerait un danger pour l’équilibre des finances publiques.
Dans un contexte social toujours bouillonnant, où les grèves et les revendications salariales sont déjà annoncées pour la rentrée, le gouvernement aura fort à faire pour redonner une viabilité à ses finances publiques.
Safia Berkouk le 09.09.13 | EL WATTAN