Changements climatiques
Les menaces sur l’Algérie s’intensifient
Selon le directeur général de l’Agence nationale des changements climatiques, la question des bouleversements n’est pas correctement prise en charge en Algérie.
Inquiétude. Les gaz à effet de serre ont atteint des seuils records en ce mois de septembre 2013 : la concentration en CO2, le principal gaz à effet de serre, a franchi la symbolique barre de 400 ppm. Le constat a de quoi être alarmant pour l’Algérie, pays particulièrement vulnérable aux risques liés au changement climatique. Kamal Mustapha Kara, directeur général de l’Agence nationale des changements climatiques, met en garde contre les risques encourus par l’Algérie.
Ils sont nombreux et s’intensifient d’année en année, menaçant l’agriculture, les ressources en eau et la santé, tout en augmentant les coûts des dommages en Algérie qui se situaient entre 1,3% et 4,3% du PIB algérien en 2009. «L’augmentation des gaz à effet de serre, qui implique la hausse de température, concerne particulièrement l’Algérie qui a connu, en une décennie, une des plus importantes hausses de température dans le monde, soit 1,5°», expliquait hier M. Kara lors d’une conférence organisée à Alger par le forum du quotidien DK News.
La question des bouleversements climatiques n’est pas prise en charge «comme il se doit», selon lui. C’est pourquoi il appelle à un éveil des consciences et à des actions politiques concrètes.
énergie solaire
«C’est maintenant que ça se joue. L’Algérie doit se préparer sérieusement au vu de toutes les catastrophes naturelles, induites par les changements climatiques, qui la guettent. Elle en a déjà subies plusieurs ces deux dernières années et ça peut encore s’aggraver», prévient-il. «C’est une véritable urgence, il faut mettre en place des plans d’urbanisme et d’aménagement du territoire de toute urgence pour parer aux menaces qui nous guettent», a ajouté le conférencier d’un ton alarmiste. L’avenir du monde dépend d’un sursaut diplomatique et l’Algérie a «un rôle précieux à jouer», selon lui. Le spécialiste ne se contente pas de constats alarmants. Il propose des solutions. «Il faut impérativement changer de modèle énergétique et opter pour une nouvelle gouvernance face à la gravité de la menace climatique», assène-t-il.
L’énergie verte est, à son sens, la solution radicale que doit adopter l’Algérie. «Nous avons la chance, en Afrique, d’avoir autant de soleil et de produire si peu de gaz à effet de serre. Si l’Algérie s’organise et s’anime d’une véritable volonté politique de changer son modèle énergétique, elle pourrait aisément satisfaire ses besoins énergétiques dans 20 ans», explique-t-il encore.
Il conclut, chiffres à l’appui : «Si l’Algérie se tourne vers l’exploitation de l’énergie solaire, elle économisera chaque année 100 milliards de mètres cubes de gaz naturel, tout en créant des milliers d’emplois.» Un défi colossal.
Bouredji Fella le 12.09.13 | EL WATTAN