Misserghin : eau de mensonge ?
Lorsque le soleil est au zénith et que vous vous trouvez sur la RN 2 à quelques petites encablures de Messerghin, en venant de Témouchent ou Tlemcen, si par hasard votre regard est attiré par la sebkha dont la surface s’est couverte d’un bleu clair et paraissant regorger à perte de vue d’une eau à l’apparence rafraîchissante, ne mettez pas cela sur le compte de la soif ramadanesque en ces jours caniculaires.
Non ce n’est pas une «eau de mensonge» selon la poétique expression d’Isabelle Eberhard «Dans l’ombre chaude de l’islam». Elle a eu cette vision en 1904 à l’approche de Béchar au cours de son périple saharien dans le sud-ouest oranais: «Tout à coup, l’horizon oscille, les lointains se déforment et le sable roux disparaît. Une grande nappe d’eau bleue s’étale au loin, et des dattiers s’y reflètent. L’eau miroite sous le soleil, d’une pureté infinie…» C’est son guide qui la détrompe en lui disant que le «s’rab», autrement dit un mirage. Est-ce le cas à Misserghin ? Et pourquoi n’apparaissait-il pas à l’amorce de la sebkha du côté d’El Amria, à 40 km environ à l’amont, alors que l’incandescence des rayons solaires brûlait sa vaste platitude ? Cette illusion d’optique n’a pas surgi parce que les volutes de chaleur au ras du sol n’étaient pas piégées par un air plus froid placé juste au-dessus, ce qui provoque les distorsions que l’œil perçoit comme étant de l’eau. A Misserghin, le mirage n’est pas de cette nature. C’est la mince pellicule de sel couvrant le sol, qui, grâce à sa multitude de cristaux, reflète tel un miroir le bleu du ciel.
Mohamed Kali le 31.07.13 | El wattan